Le sommeil normal

Chez l’humain, une nuit normale de sommeil est habituellement caractérisée par la succession de périodes de sommeil lent (non-REM pour non-rapid eye movement) et de sommeil paradoxal (REM pour rapid eye movement). Ces périodes, appelées cycles de sommeil (cycle lent/paradoxal), se répètent généralement 4 à 6 fois au cours de la nuit. Lors du sommeil lent, nous distinguons trois stades de sommeil appelés N1 (sommeil léger), N2 (sommeil lent) et N3 (sommeil lent profond) et dont l’attribution se fait en fonction de certaines caractéristiques physiologiques notamment la variation de la fréquence et de l’amplitude des ondes cérébrales enregistrées au cours de l’électroencéphalographie (EEG). Le sommeil paradoxal, quant à lui, est caractérisé par l’apparition d’une activité cérébrale ressemblant à celle enregistrée à l’éveil, d’où le nom de sommeil « paradoxal » et pendant lequel le dormeur expérimente une atonie musculaire (paralysie des muscles) ainsi que des mouvements oculaires rapides (rapid-eye-movement). C’est pendant le sommeil paradoxal que les rêves sont souvent les plus intenses et détaillés.

Beaucoup de différences sont observées entre les individus ayant un sommeil normal. Par exemple, le nombre d’heures nécessaires à chaque personne pour récupérer et se sentir fonctionnel le lendemain est très variable. Toutefois, les experts recommandent de dormir de 7 à 9 heures par nuit sur une base régulière. Le sommeil se modifie également en fonction de l’âge. En ce sens, le besoin de sommeil est beaucoup plus important chez l’enfant et l’adolescent, alors que chez la personne âgée, l’épisode de sommeil peut être plus court, plus fragmenté et plus léger.

Pendant le sommeil, on assiste non seulement à des modifications importantes de l’activité du cerveau, mais également à des changements de l’activité musculaire, de la sécrétion hormonale, de l’activité du système nerveux autonome, de la température corporelle, ainsi qu’une multitude de changements d’ordre métabolique, cellulaire et moléculaire.

Les troubles du sommeil

Au moins 25% de la population souffre d’un trouble de sommeil nécessitant l’intervention d’un professionnel de la santé. Avoir un mauvais sommeil rend non seulement les nuits désagréables, mais peut nuire à la qualité des journées (être plus irritable, avoir des problèmes à se concentrer, être somnolent).

Heureusement, la majorité des troubles du sommeil peuvent être atténués ou parfois même enrayés grâce à un bon diagnostic et une prise en charge par des spécialistes du sommeil.

Insomnie

L’insomnie est un trouble du sommeil caractérisé par un ensemble de symptômes reliés à une diminution de la durée du sommeil qui survient plus de 3 nuits par semaine et dont les causes peuvent être psychologiques ou physiologiques. L’insomnie initiale est caractérisée par des difficultés à l’endormissement et donc une très longue latence à l’endormissement. On qualifie d’insomnie terminale un éveil très précoce le matin. L’insomnie de maintien est quant à elle une difficulté à maintenir le sommeil et est donc caractérisée par des éveils nombreux et/ou prolongés au cours de la nuit. Certaines personnes ont l’impression de dormir peu ou de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit alors que la durée de leur sommeil est normale lorsqu’elle est mesurée en laboratoire. On parle alors d’insomnie paradoxale. Il est possible que leur cerveau demeure plus actif pendant le sommeil, ce qui donnerait l’impression de ne pas dormir. Il arrive qu’on retrouve une combinaison des différents types d’insomnie chez un même patient. L’insomnie a des conséquences néfastes diurnes pour l’individu tels la fatigue et la somnolence, des changements de l’humeur et de l’irritabilité, des troubles de l’attention et de concentration ainsi qu’une altération des performances psychomotrices.

Le diagnostic est posé lorsque ces problèmes de sommeil perturbent le fonctionnement de la personne pendant la journée (par exemple, difficultés à se concentrer, irritabilité, etc.). Ce n’est donc pas seulement la courte durée de sommeil qui est importante pour le diagnostic, mais aussi les conséquences du mauvais sommeil sur le bien-être pendant la journée. La thérapie cognitivo-comportementale est particulièrement efficace pour améliorer l’insomnie. Elle aide à rétablir les bons comportements pour mieux apprécier les heures passées au lit

Hypersomnie

L’hypersomnie réfère à l’ensemble des troubles du sommeil qui sont caractérisés par de la somnolence excessive et/ou des accès de sommeil au cours de la journée en dépit d’un sommeil perçu comme normal au cours de la nuit. Ce trouble apparaît généralement à l’adolescence ou au début de la vingtaine. Les patients qui en souffrent ont des accès de sommeil durant la journée, font des siestes involontairement longues (parfois plus d’une heure) qui ne sont généralement pas récupératrices. Ces patients expérimentent de l’ivresse du sommeil, sont difficiles à réveiller et leur réveil est associé à de la confusion. On distingue l’hypersomnie idiopathique (sans cause connue) de l’hypersomnie secondaire associée à un problème physiologique tel le syndrome des jambes sans repos ou l’apnée du sommeil.

Narcolepsie

La narcolepsie est un trouble caractérisé par des accès subits de sommeil pendant la journée. Les patients peuvent expérimenter de la cataplexie ainsi que dans certains cas des paralysies du sommeil et des hallucinations hypnagogiques. La cataplexie se définit par une perte du tonus musculaire sans altération de la conscience et est déclenchée par les émotions fortes telles la colère, la joie, le rire, la peur. La narcolepsie se différencie de l’hypersomnie idiopathique par l’effet récupérateur des siestes, les accès subits de sommeil de courte durée et les endormissements fréquents directement en sommeil paradoxal.

Trouble comportemental en sommeil paradoxal (TCSP)

Le TCSP est une parasomnie du sommeil paradoxal qui apparaît principalement après l’âge de 50 ans et qui est cliniquement caractérisé par des activités motrices complexes souvent violentes (coups de pieds, de poings, comportements de fuite) pendant le sommeil. Chez ces patients, on assiste à une perte de l’atonie musculaire, qui est généralement présente au cours du sommeil paradoxal normal. Ces comportements peuvent entraîner des blessures au patient lui-même ou à son partenaire de lit. Plusieurs études longitudinales, dont celles des Drs Montplaisir, Gagnon et Postuma, ont démontré que les patients atteints de TCSP idiopathique peuvent développer la maladie de Parkinson ou une autre démence telle la démence à corps de Lewy dans les 10 années suivant le diagnostic de TCSP.

Somnambulisme

Bien que nettement plus fréquent chez l’enfant, le somnambulisme affecte de 2 % à 4 % des adultes. Le somnambulisme survient généralement pendant le premier tiers de la nuit, lorsque le sommeil est profond. Les comportements survenant pendant un épisode varient entre des comportements simples, comme s’assoir dans le lit ou pointer un objet, jusqu’aux activités très complexes telles que cuisiner, jouer d’un instrument de musique ou conduire une voiture. Typiquement, le somnambule a les yeux ouverts et peut interagir de façon plus ou moins cohérente avec d’autres personnes présentes dans la pièce . Il faut dire que les somnambules présentent un jugement perturbé et un état de conscience altéré ainsi qu’une perception erronée de l’environnement, ce qui peut mener à des situations cocasses ou parfois, dangereuses. Contrairement à une croyance répandue, il n’est pas dangereux de réveiller un somnambule au cours d’un épisode. Toutefois, il est toujours préférable de conseiller au somnambule de rejoindre doucement son lit, car un réveil brusque pendant un épisode peut s’associer à de la confusion ou à une certaine agitation.

Apnées du sommeil

Plus de 20 % des adultes d’âge moyen et près de 50 % des personnes âgées de plus de 65 ans présentent des symptômes d’apnée du sommeil. On parle d’apnée du sommeil lorsqu’une personne cesse de respirer pendant au moins 10 secondes, et ce, de façon répétée au cours de la nuit. La plupart des apnées du sommeil surviennent lorsque les voies respiratoires sont obstruées. Cette condition entraîne des éveils courts, mais fréquents durant la nuit ayant comme conséquence une diminution de la qualité du sommeil. Cela entraîne de la somnolence diurne, des maux de tête et un assèchement de la bouche au réveil, des changements de l’humeur et de l’irritabilité. À long terme, les patients souffrants de ce problème expérimentent des déficits cognitifs : altération du fonctionnement intellectuel général, de l’attention, de la vigilance, de la mémoire, des fonctions exécutives ainsi que de leur dextérité manuelle. Ils sont également à risque de développer des complications cardiovasculaires. Des traitements efficaces sont offerts grâce à des appareils par pression positive continue, des prothèses dentaires, une chirurgie ou la perte de poids.

Syndrome de jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos est en partie génétique? Au Québec, un pourcentage élevé de la population présente ce trouble et c’est en partie dû à nos gènes! Le syndrome de jambes sans repos est un trouble caractérisé par un besoin irrésistible de bouger les membres inférieurs, et parfois supérieurs, associé à des paresthésies, une agitation motrice, une augmentation des symptômes au repos avec soulagement par l’activité et une augmentation des symptômes en soirée et/ou au cours de la nuit. Ce trouble entraîne des difficultés d’endormissement ainsi que des éveils fréquents au cours de la nuit. La marche aide généralement à dissiper les inconforts momentanément. Si les symptômes sont sévères, des médicaments peuvent être utilisés pour réduire les symptômes et permettre au patient de mieux dormir.

Mouvements périodiques des jambes en sommeil (MPJS)

Le syndrome des MPJS est caractérisé par l’apparition répétée et rythmique (souvent à chaque 20 à 40 secondes) de mouvements de jambes de courte durée. Les plaintes de sommeil les plus fréquentes chez les patients souffrant de MPJS, consistent en un sommeil non réparateur et une somnolence diurne puisque ces mouvements périodiques provoquent une fragmentation du sommeil entraînant une réduction de la profondeur et de la qualité du sommeil.

Désordres circadiens

Une horloge biologique interne située bien au centre de notre cerveau gère tous nos comportements et nos activités physiologiques sur un horaire de 24 heures. C’est le cas, bien sûr, de notre cycle veille-sommeil. L’horloge interne est grandement influencée par la lumière qui arrive à nos yeux. C’est d’ailleurs pourquoi les personnes aveugles sont plus à risque de présenter un trouble du rythme biologique. Cette catégorie de pathologies réfère à l’ensemble des troubles d’ajustement au cycle lumière-obscurité ambiant qui peuvent être soit d’origine environnementale (horaires irréguliers, travail en rotation, décalage horaire) ou d’origine interne (dysfonction de l’horloge biologique, cécité, condition neurologique particulière). Les personnes qui souffrent d’un trouble du rythme de 24 heures présentent des difficultés à dormir la nuit et à demeurer éveillées le jour. Les désordres circadiens incluent le syndrome de sommeil en avance de phase, le syndrome de sommeil en délai de phase, le syndrome d’alternance veille-sommeil irrégulière ou différente de 24 heures et les troubles de sommeil des travailleurs de nuit.

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